Le Regard Qui Enferme : L'Œil Comme Symbole de Surveillance et d’Oppression
- kevin habouzit
- 16 mars
- 3 min de lecture

L’Œil Qui Enferme : Le Regard Comme Symbole de Surveillance et d’Oppression
L’œil est un motif qui traverse l’histoire de l’art, de la culture et de la psychologie humaine. Il incarne autant la connaissance et la divinité que l’intrusion et l’oppression. Dans mon travail, cet élément devient une présence obsédante, un symbole de surveillance et de perte de contrôle. Pourquoi le regard nous fascine-t-il autant ? Et surtout, pourquoi inspire-t-il autant d’angoisse ?
1. L’Œil en Art : Entre Divinité et Contrôle Absolu
L’œil n’est pas qu’un organe, c’est un symbole universel qui traverse les siècles. Il incarne autant la lucidité, l’omniscience, que la paranoïa du regard extérieur.
🔸 L’Œil de la Providence, que l’on retrouve sur les billets de banque ou dans l’iconographie religieuse, représente un regard divin qui voit tout. Mais sous cet aspect protecteur se cache une idée plus inquiétante : celle d’une entité supérieure qui observe chaque mouvement, chaque pensée.
🔸 Dans l’histoire de l’art, des artistes comme Odilon Redon, René Magritte ou encore Hans Bellmer ont utilisé le regard de manière troublante. Redon dessinait des globes oculaires flottants, Magritte les dissimulait derrière des portes ou des miroirs, tandis que Bellmer, lui, enfermait ses poupées dans un monde d’obsession et de voyeurisme.

Peintre


🔸 Aujourd’hui, l’œil a pris une nouvelle dimension avec le numérique. Les caméras omniprésentes, les algorithmes qui traquent nos comportements, les visages analysés par l’intelligence artificielle... Nous ne sommes plus simplement observés : nous sommes disséqués.
2. La Peur d’Être Vu : De Big Brother aux Rêves Oppressants
Si l’œil fascine, il terrifie aussi. L’angoisse d’être observé, surveillé en permanence, est une peur ancestrale, exploitée dans la littérature et le cinéma.
📌 Quelques références qui ont nourri mon travail :
1984 de George Orwell : L’image de "Big Brother is watching you" est l’un des exemples les plus puissants d’un regard qui devient un outil de domination totale.

Le cinéma de Lynch et Polanski : Ces réalisateurs ont souvent mis en scène des protagonistes piégés dans des espaces où tout semble les épier, les murs eux-mêmes devenant des témoins silencieux.

Le mythe du Panoptique de Michel Foucault : Ce concept décrit une prison où les détenus ne savent jamais s’ils sont regardés, et finissent par s’auto-discipliner. Un parallèle glaçant avec nos vies modernes.

Dans mon travail, je cherche à créer ce même sentiment de malaise. Que se passe-t-il quand les yeux ne sont plus seulement là pour voir, mais pour juger, pour absorber, pour consumer ?
3. L’Œil dans Mon Œuvre : Un Miroir Déformant
Dans mes compositions, l’œil devient un piège. Il est partout, accroché aux murs, incrusté dans les visages, intégré dans des écrans qui absorbent le réel.
🔹 Les enfants et le regard figé : Souvent, je représente l’enfance pervertie par le regard extérieur. L’enfant n’est plus dans l’insouciance, il est scruté, façonné par une force qui l’épie sans répit.
🔹 Les murs qui observent : Dans certaines œuvres, les murs sont recouverts d’yeux, comme des cicatrices vivantes. Ils transforment l’espace en une cage psychologique où l’intimité est impossible.
🔹 Le visage déformé par l’obsession : Dans d’autres compositions, le regard devient une distorsion physique : des visages où la peau semble se tendre sous l’effet d’une vision imposée, des yeux hypertrophiés qui ne peuvent plus se fermer.
Mes œuvres ne cherchent pas seulement à montrer le regard, mais à faire ressentir l’angoisse qu’il provoque. Cette sensation d’être pris au piège dans un univers où l’on ne peut plus détourner les yeux… car ils sont déjà partout.
Conclusion : Qui Observe Qui ?
L’œil est une arme à double tranchant. Il est à la fois lumière et ombre, protection et asservissement. Dans un monde où nous sommes constamment observés, enregistrés, disséqués, il n’est plus seulement un organe biologique : il est devenu une machine de contrôle.
À travers mon travail, je veux questionner cette fascination malsaine pour la surveillance, et surtout, cette perte de liberté face à un regard omniprésent. Car au final, dans ce jeu d’yeux et d’ombres… sommes-nous les observateurs, ou les observés ?



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